Si la ville de Shediac figure parmi l'une des régions acadiennes les plus importantes, elle le doit en grande partie à ses nombreux bâtisseurs qui ont cru dans la région. L'histoire nous révèle qu'au 17e et 18e siècle les premiers Acadiens à s'établir dans la région auraient été ceux qui avaient été employés à Shediac en 1749 pour construire un fort, des maisons et des entrepôts devant servir au ravitaillement des troupes françaises dans la nouvelle Acadie. Le ravitaillement déchargé des goélettes venues du Québec, de Louisbourg et de France, était mis dans les entrepôts, pour ensuite être acheminé vers Petitcodiac et Beauséjour par un portage, soit celui de la rivière Petitcodiac au Coude, soit celui de la rivière Scoudouc à la rivière Memramcook, puis de là, à Beauséjour.
Entre 1798 et 1805, sont arrivés les premiers colons acadiens à s'établir en permanence sur le site de la future ville de Shediac. Ils s'installèrent à l'est de la rivière Scoudouc, région qui fut plus tard connue sous le nom de La Batture en raison des bancs d'huîtres à l'embouchure.
Au 19e siècle ces sentiers battus pendant des millénaires devinrent les premiers moyens organisés de transport en commun dans les Maritimes. Le premier chemin public au Nouveau-Brunswick fut construit entre Shediac et Moncton en 1816. C'est sur cette route que fut initié le premier service de transport commun sur la côte est. Ce n'est donc pas surprenant que le premier chemin de fer dans les Maritimes fût construit à Shediac et la ligne European and North American Railway transporta les premiers passagers de Shediac à Moncton en août 1857. Shediac devint alors un des plus importants centres ferroviaires du pays avant que le tout fût réaménagé à Moncton après le feu à Shediac en 1872. Le seul vestige de cette période ferroviaire à Shediac qui a duré jusqu'aux années 1980 est l'ancienne gare.
Toujours au 19e siècle, le transport de marchandises du Nouveau-Brunswick vers les marchés extérieurs se faisait par voie maritime. Étant donné la situation géographique de ses réserves de bois quasi inexploitées, Shediac représentait un site idéal pour la construction de voiliers. En 1817, on a assisté au lancement du premier navire construit à Shediac. Ce navire bâti par Bowen Smith était fait de bois entièrement travaillé à la main. Avec la venue de nouveaux moyens de transport, la route par exemple, et avec le développement de chantiers maritimes plus importants, la construction de navires dans la région de Shediac s'est éteinte graduellement.
Comme dans toute communauté acadienne, l'agriculture a joué un rôle important dans le développement de Shediac. Au début des années 1870, la firme familiale de Chesley Tait a développé une industrie qui, pour plusieurs années, a changé l'histoire économique de Shediac. Lors d'un voyage aux Bermudes, Alexander J. Tait a vu la possibilité de l'énorme profit qui pourrait être réalisée en développant l'industrie de la pomme de terre en raison des terres fertiles qui entouraient son petit village côtier. De retour à Shediac, il s'est empressé de convaincre les cultivateurs de la région de cultiver la pomme de terre sur une plus grande échelle. Pendant les premières vingt années du 20e siècle, on expédia à peu près une centaine de mille de quarts de pommes de terre par train et par mer de Shediac vers les marchés des Bermudes, des Antilles et du reste du Canada.
Shediac a aussi été associé au début du transport aérien avec le premier courrier canadien outre-mer par avion étampé Shediac le 24 juin 1939 en partance pour Lancashire en Angleterre. Avant ça, en juillet 1933, la première escadrille d'avions à traverser l'océan Atlantique, vingt-cinq (25) hydravions sous le commandement du Général Italo Balbo sont partis d'Italie et l'escadrille amerrissait sans problème sur les eaux calmes de la baie de Shediac. Les premières envolées commerciales de l'Amérique du Nord en partance pour l'Europe se faisaient du terminus de Shediac avec les hydravions "Clipper III" de la compagnie Pan American à partir du 19 juillet 1937. Le clipper faisait escale à Shediac une fois par semaine afin de faire le plein. L'éclatement de la Deuxième Guerre mondiale en septembre 1939 engendra le déclin des hydravions et par conséquent le terminus de Shediac cessa ses activités. L'Aviation militaire canadienne se servit aussi du même quai pendant la guerre pour ses petits avions.
Donc Shediac est unique au pays, car cette ville a été intimement associée avec le début de tous les moyens de transport commun; chemin public, chemin de fer, bateau-traversier et aviation commerciale. Les Acadiens de la région ont profité du développement de Shediac et aujourd'hui les Acadiens représentent plus de 75% de la population de Shediac.
Riche en histoire et culture, Shediac est reconnue pour son avant-gardisme: le site du premier chantier d'architecture navale; de la première scierie à vapeur au Nouveau-Brunswick; ainsi que du premier chemin de fer aux Maritimes pour le transport de passagers.
Situé près du détroit de Northumberland, Shediac est reconnue mondialement pour son homard géant où des milliers de visiteurs se font photographier à chaque année et confirme ainsi la désignation de Shediac comme la " CAPITALE MONDIALE DU HOMARD ". C'est en 1578, que pour la première fois les archives relatives aux Maritimes font mention du mot "homard", attribuable au capitaine Parkhurst. Plus près de nous, le pionnier dans la conservation du homard fut William Blizzard, un habitant de Shediac. Sa homarderie fonctionnait dès 1861 alors qu'il mit sur le marché du homard. Il serait ainsi l'innovateur de l'apprêtage du homard dans le sud-est de la province. Émile Paturel et l'industrie du homard canadien et shediacoise du 20e siècle sont étroitement liés. Le nom de Paturel est associé à ce délice de la mer depuis au-delà d'un demi-siècle au Canada, aux États-Unis et en Europe. La Ville de Shediac n'a pas manqué d'exploiter cette richesse et le premier Festival du Homard de Shediac remonte à 1949 ce qui en fait l'un des plus anciens festivals de la province.